Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 23:59

image-copie-2

 

:: Article rédigé par Jeanbatman :: Pour qualifier un artiste, l’expression « la tête dans les étoiles » est particulièrement adéquate. Dans le cas du musicien Jean Michel Jarre, elle l’est à plusieurs titres. Non seulement son esprit créatif semble parfois l’entrainer dans des univers parallèles (ce qui n’exclue pas quelques trous noirs), mais en plus sa musique est, pour des raisons récurrentes, en lien avec le monde de l’astronomie. Les rendez-vous multiples avec l’espace qu’a pris la carrière du musicien, que ce soit par les intitulés de ces morceaux, de ses concerts ou des illustrations de ses spectacles aux quatre coins de la planète, en sont autant de preuves. Nous allons essayer ensemble de reprendre le fil de toutes ces rencontres, ainsi que des projets avortés.

 

En parlant d’Oxygène, Jean Michel Jarre considère que c’est une musique plus en lien avec la biosphère que la stratosphère. N’en reste pas moins que pour un album séminal de tout le reste de sa carrière, le choix de la planète bleue va imprégner durablement son image d’explorateur du dessous des choses  et peut-être de quelques secrets de l’univers, qu’en tant que créateur, il cherche quelque part lui aussi.

 

Quand la NASA contacte Jean Michel pour fêter de manière grandiose les 25 ans de l’organisme américain, Jean Michel se souvient sans doute qu’il était derrière son poste de radio en guettant la diffusion des premiers pas de l’homme sur la lune.

Le souhait du lyonnais est de célébrer en chœur musique, science et technique, avec les technologies les plus avancées. Ainsi, la foi en la science et les aspects les plus avant-gardistes de la musique forment un tout harmonieux.

 

C’est ainsi qu’il décide l’astronaute Ron Mc Nair, qui est saxophoniste amateur, de jouer de son instrument depuis l’espace pensant le concert, ce qui sera le premier solo de saxophone en apesanteur de l’histoire. Malheureusement, avec l’explosion au décollage de la navette Challenger le 28 janvier 1986 et la mort de ses 7 occupants, cette belle histoire ne verra jamais le jour. Le morceau Dernier rendez-vous deviendra « Ron’s piece » en hommage à l’astronaute disparu.

 

En 2008, à l’occasion de l’année internationale de l’astronomie, Jean Michel prononce un long discours dans l’enceinte de l’UNESCO qui témoigne de sa passion pour le sujet. Le musicien déplore notamment que les jeunes générations soient désintéressées de la science du cosmos et plus généralement de la science astrophysique.

 

Le livre d’Arthur C. Clarke qui deviendra le long-métrage « 2001, l’odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick est un de ses films cultes. Il explique que l’on trouvait dans ce type d’œuvre une vision dynamique et jubilatoire de l’avenir, qui n’existe plus aujourd’hui, tant les menaces qui pèsent sur l’espèce humaine les lui ont progressivement cachées. Les progrès de la science ont été en quelques sorte recouverts par les peurs de l’avenir : Changement climatique, permanence d’un certains nombre d’occultismes et de catastrophismes…

 

Les concerts de Jean Michel Jarre ont été à de nombreuses reprises l’occasion de rappeler la fascination de celui-ci pour la conquête spatiale. L’exemple le plus singulier est sans doute le concert géant de Moscou en 1997. Au cours de cette célébration des 850 ans de la capitale de la Russie, Jarre fait profiter à une foule immense (3 millions de personnes) une liaison audiovisuelle avec les deux occupants de la Station Mir. Ils expliquent que la musique de Jean Michel est un peu la leur, c'est-à-dire – en anglais dans le texte – la « space music ».

 

Quelques années plus tard, Jean Michel mettra en lumière le héros originel de la conquête spatiale, Yuri Gagarine, sur son album Métamorphoses de 2000. Cette chanson exalte les sentiments particuliers que procurent l’état d’apesanteur. Dans lerefrain, on entend : « I can fly like a Sputnik ».

 

Mais ce n’est que lors du concert du 1er janvier 2001 que Jarre théorise réellement sa vision, formulée par son ami Arthur C. Clarke, de la course dans l’espace, la découverte d’intelligence hors du système solaire, etc.

Sur un écran géant, Arthur C. Clarke, philosophe face caméra à la faveur d’interludes entre deux morceaux aux titres évocateurs, comme « The Voyage », « Children of space », « Rendez-vous in Space » et « race in space »

 

Sciences

En dédicace de l’album Chonologie (1993), Jean Michel remercie l’astrophysicien américain Stephen Hawking pour sa « Brève histoire du temps », best-seller mondial qui s’emploie à vulgariser certaines théories de l’astrophysique contemporaine, comme la courbure de l’espace temps par exemple.

C’est la première fois que Jarre cite de manière si explicite un livre dans ses remerciements, lui qui ne se cache pas d’être un grand amateur de livres, en plus de l’art en général.

Chronologie est riche de signe des temps : le bourdonnements d’abeilles de la partie 7 (avec Patrick Rondat) est plus qu’un effet, la mise en scène d’une supra-intelligence sous la forme d’une colonie d’insecte qui interroge non seulement l’organisation humaine, mais aussi son devenir. Einstein n’a-t’il pas prophétisé : « Le jour où la dernière abeille aura disparu, l’humanité n’aura que quinze jours à vivre. » ?

 

En 1991, Jean Michel est incité par le gouvernement mexicain pour créer un concert spécial afind e célébrer une éclipse totale de soleil. Malheureusement, ce concert ne verra pas le jour pour des raisons financières, comme c’est souvent le cas.

 

En 2009, un projet de concert au pied du plus grand télescope d’Europe, dans les iles Canaries, est malencontreusement annulé (nous sommes en pleine tempête finacière). Jean Michel devait y faire partager au plus grand nombre les fantastiques avancées de l’étude des galaxies avec l’équipement le plus perfectionné du monde, à savoir le VLT (Very large telescope). Avec son ami guitariste Brian May, qui est docteur en astrophysique, ce projet lui tenait pourtant beaucoup à cœur. Ce n’est que partie remise…

 

Jean Michel prête un peu de son temps et un peu de ses musiques (Ethnicolor, oxygène, Equinoxepour promouvoir le travail de l’Observatoire de Paris, dans le cadre de la Nuit Blanche.

 

La communauté scientifique n’est pas indifférente à l’univers de Jean Michel jarre,puisqu’un objet céleste est baptisé en hommage à ce dernier (ainsi qu’à son père Maurice Jarre). Jean Michel confiera d’ailleurs en 2010 sur l’onde de Radio Nostalgie que cet objet céleste, dont il a vu quelques photos, qu’il regrette que ce caillou (objet 4422) soit moins beau que celui du rockeur Frank Zappa.

Partager cet article
Repost0
31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 14:14

BO-avec_du_JMJ.png

(Ci-dessus) La filmographie de Jean-Michel Jarre

:: Article rédigé par Jérôme :: Jean-Michel Jarre, fils de Maurice Jarre, illustre compositeur de musique de films Hollywoodiens aux trois Oscar ("Lawrence d'Arabie", "Docteur Jivago", "La route des Indes"), a, de son propre aveu, peu œuvré dans ce domaine, qui est pourtant la voix royale du succès pour de nombreux créateurs de musique instrumentale actuels.
maurice-et-jean-michel-jarre.jpg
(Ci-dessus) Jean-Michel et Maurice Jarre en 2006


Pourtant, au-delà de ses histoires d'amour avec de célèbres actrices, Charlotte Rampling (qu’il accompagnera régulièrement au festival de Cannes), Isabelle Adjani, Anne Parillaud, Jean-Michel Jarre est un passionné du 7ème art dont il se dit souvent plus inspiré que par d'autres formes d'expression artistiques :

"Mes influences les plus grandes viendraient plutôt du cinéma que de la musique. C'est-à-dire qu’on est de la génération de l’image, du visuel, de l’audio-visuel (…). Aujourd’hui les plus grands auteurs sont peut être Spielberg, Fellini, Kubrick, Visconti. Et ces réalisateurs m’ont vraiment marqué sur le plan émotionnel et m’ont réellement influencé." (Synthesis 2 05/1982)

Ainsi, parmi ses références favorites, Jarre cite régulièrement Stanley Kubrick

En 1968, j’étais très marqué par Kubrick et "2001". Puis je l’ai rencontré à Hambourg, parce qu’au moment de The Shining, il n’utilisait que de la musique enregistrée. Et il a pensé un moment à utiliser ma musique pour le film, avant de choisir finalement le côté grinçant, plus effrayant de Penderecki. (Playboy 86 01/2008).

…ainsi que Fellini dont il est d'ailleurs invité à commenter le film "Prova d'orchestra" lors d'une chronique d'Henri Chapier au festival de Cannes en 1979 (voir la vidéo ci-dessous).

J’ai rencontré Fellini sur la fin de sa vie, il m’a dit : "Toute ma vie, j’ai cru que je faisais un film différent. Et je m’aperçois à la fin de ma vie que j’ai toujours fait le même film. Finalement, j’ai toujours essayé d’améliorer les choses". C’est absolument vrai. Cette exigence permet de préserver l’innocence intacte. (Le journal du dimanche 17/03/2010)

Musique et cinéma… Cinéma et musique… Voyons comment ces deux mondes s'entremêlent dans la carrière du fameux compositeur.



Premiers pas par la petite porte du cinéma

Musique et cinéma… C'est en joignant les deux que Jarre fait l'une de ces premières prestations en 1967 lors d'une séquence du film "Les garçons et les filles" d'Etienne Perrier, avec Nicole Garcia. Le musicien y joue de la guitare et y chante deux titres avec son groupe d'alors : les Dustbins. Même si un 45T de la musique du film sortira bien, le groupe n’y figure pas.

A partir des années 60, l’éditeur Francis Dreyfus se spécialise, avec un certain succès, dans les musiques de film. C’est sans aucun doute lui qui, début 1973, "branche" son poulain Jean-Michel Jarre sur le projet de BO du film "Les Granges brûlées", dont la prestigieuse affiche réunit Alain Delon et Simone Signoret. Le film réalisé par Jean Chapot sort en France le 30 mai 1973. La musique, entièrement composée par Jarre, fait l'objet d'un album (qui est donc, après "Deserted Palace", le second du musicien) ainsi que d'un 45T.

C’est un polar rural, donc qui très très éloigné de l’ambiance sonore [de ma musique]. Le réalisateur, qui s’appelait Jean Chapot, je dirai, d’une certaine manière, a eu le courage d’utiliser mon travail, pour une musique, qui est complètement différente, mais qui, finalement, je crois, collait assez bien au film. (Red Bull Academy Session, 16/05/2012).

A cette occasion, Jarre fils est invité à l’émission Loisirs Spectacles sur l’ORTF. L’animatrice France Roche ne peut s’empêcher d’évoquer Maurice Jarre, ce à quoi Jean-Michel rétorque poliment, mais sans arriver à cacher son agacement, qu’il n’a pu avoir une réelle influence.

Lors de sa collaboration avec les chanteurs Christophe et Patrick Juvet, entre 1973 et 1977, Jean-Michel Jarre puise dans ses références cinématographiques pour écrire ses textes : on peut citer "la Dolce Vita", "Séñorita", "Le fantôme d'Hollywood", etc.

Brando voudrait bien retenir, Un tramway nommé désir. Hollywood, Hollywood ne veut pas mourir. Marylin aurait cinquante ans, James Dean n'est plus un géant. Rien n'est plus rien n'est plus vraiment comme avant (Señorita, 1974)



Les emprunts à Oxygène et Equinoxe

Après le succès mondial des albums "Oxygène" (1976) et d’"Equinoxe" (1978), le musicien est approché par les cinéastes pour composer de nouveau des musiques de film. Il ne proposera pourtant presque jamais de musique originale mais acceptera des emprunts d’œuvres existantes. C’est ainsi que Peter Fleischmann ("Scènes de chasse en Bavière"), l'un des représentants majeurs du Nouveau Cinéma allemand des années 1960-70, et ancien assistant de Jean Chapot cité plus haut, illustre son film "La maladie de Hambourg" (Die Hamburger Krankheit) avec de nombreux extraits de ces deux albums. Le film, co-écrit avec Roland Topor et sorti en 1979, se veut une critique de l’état policier au travers d’un scénario de science-fiction qui raconte la gestion autoritaire et brutale d’une épidémie soudaine et incontrôlable.

Quelques mois plus tard, le cinéaste suédois Ray Pollak suit la même recette musicale pour un film montrant les difficultés du passage à l’adolescence : "Barnens ö" (du nom du camp d’été où le personnage principal est censé passer ses vacances). On y retrouve en effet la plupart des mêmes extraits d’"Oxygène" et d’"Equinoxe" dont la première partie de ce 2ème album sert encore une fois de générique de début ! A noter que le 45T « Equinoxe » (part 5) qui sortira en Suède porte un sticker du film qui l’emprunte pour son générique de fin.

En 1981, c’est au tour du fameux Peter Weir ("L'année de tous les dangers", "The Truman Show") d’utiliser des extraits des parties 1 et 2 d’"Oxygène" pour son film "Gallipoli". C'est un lieu stratégique du détroit des Dardanelles pour le contrôle duquel les soldats Autraliens se sont opposé férocement à l’armée turque pendant la Première Guerre Mondiale. Ce film marque les débuts de Mel Gibson, peu après "Mad Max". Une édition spéciale du 45T "Oxygène 2" est publiée en Australie à l’occasion de la sortie du film. A noter aussi que Jarre père signera plus tard les musiques de plusieurs films importants de Peter Weir dont "Witness" et surtout "Le cercle des poètes disparus".


45 tours cinema
(Ci-dessus) Les 45T de musiques de films de Jean-Michel Jarre


J'ai refusé "Midnight Express" et "American Gigolo"

Après ces quelques projets qui ne rencontreront pas le public, Jarre tient un discours auquel il restera fidèle des années :

"Sergio Leone et Fellini ont toujours travaillé en étroite collaboration respectivement avec Ennio Morricone et Nino Rota (…). Depuis dix ans, à mon sens, il n’y a pratiquement plus de thèmes qui méritent de passer à la postérité. Pour certains, ce genre de composition constitue même une simple illustration sonore. Pourtant si un metteur en scène consacre cinq années de sa vie à un long métrage, il devrait en être de même pour l’auteur de la bande originale !" (Le Parisien libéré 07/1983)

"[La musique de film,] c’est un domaine où, dans la famille, on a déjà donné, d’une. De deux, c’est très frustrant. J’en ai fait quelques-unes mais qui n’ont pas eu de succès : le premier film de Peter William (ndlr : En fait il s’agit de Peter Weir), (…) « La maladie de Hambourg » avec Peter Fleischmann. Seulement, dans ce genre de boulot, tu peux travailler un an dessus et retrouver ta musique mixée avec des bruits de bagnoles et de rues. J’aime pas. On me propose plein de trucs, oui, mais je les refuse." (Rock and folk 04/1985).

En effet, il va refuser de travailler sur plusieurs films, dont certains sont devenus culte aujourd’hui :

Alan Parker m’avait contacté pour "Midnight Express". Et Paul Schrader est venu me voir avec "American Gigolo". On était dans le midi avec ma femme, Charlotte Rampling. On le voit débarquer avec les bandes, il était totalement jeté, abruti par la fatigue. Il venait de finir un montage pénible. Il nous projette donc le truc. Et il s’est endormi devant son propre film ! Moi je ne comprenais pas, le film était tout noir. Il y avait un problème au niveau de la copie. Ensuite, il est revenu à la charge pour que je fasse la BO de "Cat people" mais, là aussi, j’ai dû décliner. (Technikart 138 12/2009).

Il est amusant de noter que les BO de ces trois mêmes films seront finalement commandées à Giorgio Moroder, qui obtiendra d’ailleurs l’Oscar pour "Midnight Express". Jarre aurait-il fait mieux ? Différemment, sans doute…

(Ci-dessus) 3 BO refusées par Jean-Michel Jarre… mais acceptées par Moroder



En 1986, deux titres de Jarre seront pourtant utilisés dans la BO de deux films hollywoodiens. Ce sera d’abord le fameux "9 semaines ½" d’Adrian Lyne ("Flashdance") avec Mickey Rourke et Kim Basinger. "Arpégiateur" y rythme une des scènes les plus torrides du film sur un escalier d’eau ruisselante... Dans "Dangereuse sous tous rapports" ("Something wild") de Johnathan Demme ("Le silence des agneaux") c’est "Ethnicolor" qui illustre l’une des scènes clé de la fin du film. Pourtant, les disques de la BO officielle de ces films n’inclueront pas les titres de JMJ.

Le 16.02.1990, le film Bollywoodien "Agneepath", remake indien de "Scarface", réalisé par Mukul S. Anand, emprunte à Jean-Michel Jarre "Ethnicolor", "Second Rendez-vous" et "Troisième Rendez-vous" dans la bande son.

En 1991, Jarre poursuit son partenariat avec Jacques-Yves Cousteau, un an après l’album ("En attendant Cousteau") et le concert (Paris La Défense) qu’il lui a dédiés, en acceptant de réaliser la musique d’un de ses documentaires : "Palawan, le dernier refuge", tourné aux Philippines, dans le cadre de sa série "Cousteau à la redécouverte du monde". Encore une fois, Jarre puise essentiellement dans ses tiroirs, avec des extraits d’"Equinoxe", "Zoolook", "Révolutions", entre autres, mais crée aussi, pour le générique, une composition originale, encore aujourd’hui inédite, mais dont un extrait de 1’30 était rendu disponible par le compositeur sur le site www.jarre.net en 2001.


Projets de film

Suite à l'aventure des concerts en Chine en 1981, Jarre confie la réalisation d'un film-documentaire à l'Irlandais Andrew Piddington. Deux projets sont alors en lice : en faire un video-disque et/ou le diffuser dans les salles.

Ce qui m’intéresse ce n’est pas d’en faire qu’un album, mais d’en faire une expérience multi-média, c'est-à-dire essayer différents moyens de toucher le public. C’est pour cela qu’on va faire une version dolby-stéréo pour les salles, et je souhaite qu’elle puisse être correctement distribuée. (Synthésis 2 05/1982)

Même si aucune des deux idées n'aboutira, Jarre persévère dans sa tentative d'incursion dans le monde du 7ème art en acquérant, avec Charlotte Rampling, les droits d’un roman policier américain en 1983. Leur projet : monter un film.

II ne s’agit pas pour moi de devenir producteur, précise-t-il, mais de réunir ceux qui désireront travailler avec nous. Charlotte se réserve bien entendu le rôle principal et nous n’avons pas encore choisi ni le réalisateur ni le dialoguiste. Enfin, si les thèmes mélodiques auront une grande importance, il ne s’agira pas d’une comédie musicale ! (Le Parisien libéré 07/1983)




Un regain d'intérêt tardif pour la BO

Comment Jarre, et son physique de jeune premier, n’a-t-il pas joué dans des films ? La vérité vient sans doute de Charlotte Rampling qui répond par la négative à la question concernant le talent d’acteur de son mari d’alors (Rock and folk, 01.1981) ! Reste que 25 ans après "Des garçons et des filles", Jarre reprend son propre rôle de musicien devant la caméra du belge Benoit Peeters pour les besoins du film "Le dernier plan" (2001) qui raconte l’enquête d’un jeune réalisateur roumain à propos d’un célèbre écrivain dissident réfugié en France qui entama la réalisation d’un film avant de disparaître sans laisser de traces.
JMJ au cinema



"Qui veut devenir une star" est le premier film du français Patrice Pooyard, réalisé en 2002 : un programme de télé réalité montre 8 candidats suicidaires, au sens propre du terme, qui cohabitent dans un lieu clos, épiés 24h/24 par des caméras présentes (vraiment !) partout ; le public vote l’élimination des candidats qui se traduit par la mort des malheureux jusqu’au dernier auquel il est promis des lots fabuleux. Pour ce film, Jarre accepte de composer une musique inédite. L’une des bandes annonce, muette, est illustrée par "Equinoxe part 1". Le film ne sortira jamais en France au cinéma, mais en vidéo à la demande.

Puis, en 2006, Volker Schlöndorff fait appel à Jean-Michel Jarre pour la musique du film "L'héroïne de Gdansk" (Strajk) dont le personnage principal est inspiré d’Anna Walentynowicz, cofondatrice du syndicat polonais Solidarność. Le compositeur lui cède plusieurs extraits de son concert tenu à Gdansk l’année précédente, dont "Révolution industrielle", qui se prête particulièrement à l'ambiance des chantiers navals où se déroule le film. Notons que Maurice Jarre avait composé la musique de d’un autre célèbre film du même réalisateur, "Le Tambour", en 1979 (Palme d’or à Cannes la même année). C’est d’ailleurs Schlöndorff qui lui remettra son Ours d’Or d’honneur lors du 59e festival du film de Berlin en février 2009.



Le mot de la fin :

Jusqu'à maintenant [les musiques de films] j'en ai fait peu et j'ai raté d'ailleurs beaucoup d'opportunités finalement, parce que mon père étant un grand compositeur de musiques de film, j'ai toujours, je pense inconsciemment, considéré que c'était le territoire du père et que finalement c'était son domaine réservé. Et j'ai raté de ce fait pas mal de musiques de films. (…) J'étais un peu mal à l'aise, c'est plus du tout le cas maintenant, mais avant tout (…) c'est un problème de rencontre (…) mais je serai absolument ravi de le faire, oui. (chat L’internaute 01.2010).

Filmographie :

  • 1967 : Des garçons et des filles - Etienne Perrier (Musique & apparition)
  • 1973 : Les granges brûlées – Jean Chapot (Musique)
  • 1979 : La maladie de Hambourg (Die Hamburger Krankheit) - Peter Fleischmann (Musique)
  • 1980 : Barnens ö – Kay Pollak (Musique)
  • 1981 : Gallipoli – Peter Weir (Musique)
  • 1986 : 9 semaines et ½ (Nine ½ weeks) - Adrian Lyne (Musique)
  • 1986 : Dangereuse sous tous rapports (Something wild) - Johnathan Demme (Musique)
  • 1990 : Agneepath - Mukul S. Anand (Musique)
  • 2001 : Le dernier plan - Benoit Peeters (Apparition)
  • 2002 : Qui veut devenir une star ? – Patrice Pooyard (Musique)
  • 2006 : L'héroïne de Gdansk (Strajk) - Volker Schlöndorff (Musique)


Vidéos :

  • JMJ & Les Dustbins dans "Des garçons et des filles" : http://www.youtube.com/watch?v=IEtMf1-PUQY
  • "La chanson des Granges Brulées" : http://www.youtube.com/watch?v=oPfR619t550
  • Jarre commente "Prova d'Orchestra" de Fellini à Cannes (1979) : http://boutique.ina.fr/cannes/1978-1996/video/DVC7908096801/jean-michel-jarre-au-festival-de-cannes.fr.html
  • Oxygène part 5 (0’16-1’11),Oxygène 1 & 2 (3’45-5’21) dans "La maladie de Hambourg" : http://www.youtube.com/watch?v=BHpg-KU2t7w
  • Equinoxe part 1 dans "Barnens O" (générique début) : http://www.youtube.com/watch?v=mggpP8-IwGg
  • Oxygène part 2 (6’50 à 8’15) dans "Gallipoli" : http://www.youtube.com/watch?v=yoeEVctrlmU&feature=related
  • Arpégiateur dans "9 weeks ½": http://www.youtube.com/watch?v=JUHUfFqusPw&feature=related
  • Ethnicolor (2'30 à 3'15) & Second Rendez-vous (3'16 à 6'25) dans "Agneepath" : http://www.youtube.com/watch?v=ZrVcV21B3DM&feature=related
  • Ethnicolor dans "Something wild" : http://www.youtube.com/watch?v=EQVr8y6NHyY&feature=related
  • JMJ dans "Le dernier plan" : http://www.youtube.com/watch?v=Ja7HwudrNBc
  • La musique de JMJ dans "L’héroïne de Gdansk" : http://www.youtube.com/watch?v=3g3miBEYhQY
  • Musique inédite dans "Qui veut devenir une star ?" : http://www.youtube.com/watch?NR=1&v=oOYjCkjxK0c

 

Partager cet article
Repost0
29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 23:47

fairlight-cmi-banner.jpg

aerozone-mag donne la parole à des blogueurs et des fans venus d'horizons différents. Ce mois-ci, c'est Darklinux qui nous livre son analyse geek* sur les années Fairlight CMI, son histoire, ses héros maudits... Pour ceux qui veulent trouer l'article complet d'origine, redez-vous sur son blog GeekinSeineetmad.

*Les geeks, sont naturellement des amateurs de musiques, mais peu savent comment celle ci est construite, les innovateurs dans le domaine et une figure désormais moqué.


Un ordinateur et un piano ont un enfant : le Fairlight CMI – IIx

http://www.hollowsun.com/vintage/fairlight/fairlight79.jpgCe qui est banal de nos jours était de la magie hier, le sampling, l'utilisation d'un son naturel pour en faire un instrument de musique fait partie de cela... Tout le monde a au moins un son modifié par le CMI-IIx dans son inconscient : les albums célébrissimes de Peter Gabriel (Sécurity & So) ; de Mike Oldfield (Crises, The killing field, Heaven's open), le duo Chants magnétiques et Zoolook de Jean Michel Jarre qui pousse le Fairlight dans son meilleur et sont pour moi ce qui est pour moi une équivalence du « Samaritan » pour la technologie Unreal engine 3 dans le jeu vidéo : la technologie pour l'art.

Quand j'ai commencé mes recherches sur le Fairlight, j'ai été assez surpris par le CPU, déjà monté en parallèle (chose d'une trivialité en 2011) mais, je m'attendais presque à un modèle de processeur exotique (comme pour les Cray I & II de l’époque) et bien non ; ce n'était qu'un duo de Motorola 68000 (un 16 – 32 bit crée fin 1970 – début 1980), modèle qui deviendra banale via les Amiga, Atari ST, STE, les Apple Macintosh, la SNK Neo Geo et la Sega Megadrive (à ce moment le 68000 était plus que mature technologiquement).

Il ne faut oublier qu'au début des années 1980 la taille des supports de sauvegarde était la disquette souple de 5 '' ¼ qui contenait 740 Ko et les sons du sampler tenaient là-dedans. Donc un son (qui est, en donnée brute, grosse consommatrice de calcul machine comme la vidéo par exemple).

Hormis ces qualités de calcul brut, l'interface homme-machine était futuriste pour l'époque, au lieu d'utiliser un semblant de souris (le LISA d’Apple est contemporain) ; on utilisait un crayon optique pour retoucher le sample. Il ne fallait pas espérer un son dans la seconde ; mais cela permettait aux heureux propriétaires de travailler quand même, au niveau RAM il y en avait pour 210 Ko...

 


La fin de l'âge d'or Atari ; Steinberg ; Akai. Et les lois de Moore vinrent tout casser

http://www.hollowsun.com/vintage/fairlight/page_1.jpgCe duopole quasi exclusif, fut rattrapé par la Loi de Moore (loi empirique prédisant le doublement de la puissance des puces électroniques tous les 18 à 24 mois) et ses conséquences, avec le succès du CMI-IIx ; Fairlight lança le CMI III qui fut un sampler 16 bit et c’est là qu'est le souci, le IIx du fait de son échantillonnage 8 bit produisait un son nasillard qui lui donnait son grain caractéristique, particularisme qui disparaît en 16 bit du fait de sa qualité CD ; donc le son devient parfait puisque il toute ses harmoniques...

C’est à ce moment qu’apparaît la trinité qui régnera durant la fin des années 1980 jusqu'au nouveau millénaire pour certains acteurs : le japonais Akai et sa série S, l'américain Atari et le soft Cubase de Steinberg. À eux trois ils ont tué le « premier « Fairlight » et tué le Synclavier. En effet pourquoi dépensé prêt de 200 000 $ pour un équipement cent fois moins cher et tout aussi performant ? (...)


Deux faces de la musique synthétique : Depeche Mode et Jean Michel Jarre

Parler d'un sampleur véritablement culte comme le Fairlight CMI II c'est bien ; mais il faut aussi parlé de ceux qui l’utilise. JMJ et Depeche Mode représente une certaine idée de la musique électronique, désormais supplantée par le DJ David Guetta, le contraste étant toujours intéressant d'un point de vue artistique, je voudrais comparer ces deux façon de voir les choses. (...)


Le souffle froid du numérique : A Broken Frame, Construction Time Again, Black Celebration, Music for the Masses, Violator | Magnetic Fields, Zoolook, Rendez vous, Revolutions

http://4.bp.blogspot.com/_go9CRN_XE3o/SM0sr1h5FFI/AAAAAAAAABQ/iVVsQO4JraI/s200/jarre+fairlight+cmi+and+moog.jpgJe l'ai dit plus haut le CMI-IIx et son cousin américain, le NED Synclavier ont révolutionné l’industrie musicale, même un constructeur de synthétiseur analogique comme EMU lancera son Emulator et son successeur à succès l’Emulator II.

Revenons à l’utilisation du sampling, quand on prend la chanson « Pipeline »  sur l’album « Construction Time Again », elle est construite sur le CMI-II, très reconnaissable avec son grain. Sur l’album antérieur, « A Broken frame », peut être vu comme la version dark d’Equinoxe ; Moog à la base ; la chanson « My secret garden » avec sa TR qui bat sa mesure implacable. Parallèlement, la proposition artistique de Jean Michel Jarre avec le duo suivant ; « Magnetic Fields » et « Zoolook » est le contrepoint au machinisme implacable des anglais en apportant un souffle d'optimisme avec « Magnetic Fields » et son part 1 très écrit ; mais c’est « Zoolook » qui donne la voix.

 


:: Zoolook ::

« Zoolook » est une étrangeté ; dans le bon sens terme ; un album concept qui à trouvé son public. Et comme toute œuvre étrange pillé artistiquement ; une sorte d’opéra des machines serait plus juste.

 


:: Music for the mass ::

« Music for the mass » et le live qui l’accompagne « 101 » est un résumé du premier Depeche Mode au niveau de la production, très léché, froid utilisant des choeurs samplé façon CMI-II , écoutez « Strangelove » ; impossible sans boite a rythme ; sans Emulator ; le morceau « PIMPF » sans Fairlight et ses descendants auraient été impossibles a faire.

 


:: Rendez-vous ::

« Rendez-vous » marque une apogée pour Jarre, création de méga concert, hymne pompier (rendez vous IV) ; mais ô combien extraordinaire ! En 1986, mettre en musique la conquête spatiale et Jean Paul II via Rendez vous est un exploit (même si le tracklisting de Rendez vous Lyon repose sur « Zoolook » pour les ¾).

Malgré sa composition à la va vite, Rendez-vous est l’un de mes disques préférés, sans doute a cause de sa version « live », reste malgré tout de jolies pièces : 1er Rendez Vous ; la deuxième partie en crescendo de Rendrez Vous II avec les cors d’harmonie du Fairlight II....

Rendez-vous est un paradoxe artistique, c'est un disque qui peut paraitre à la fois être profond, spectaculaire et émouvant (Rendez vous II) que facile et limite vulgaire (Rendez vous IV). C'est sans doute pour cela que JMJ reprend si facilement ces morceaux lors de ces lives.

 


:: Revolutions ::

« Revolutions » est si on peut le comparer ainsi, une équivalence historique de la cinquième de Beethoven. Là ou le compositeur allemand raconte l’histoire de la révolution Française et de son Janus : "Bonaparte" Jean Michel Jarre met son auditeur devant le fait accompli avec « Révolutions » : une révolution non pas du point du vue humain, mais du point de vue des machines.

Révolution industrielle : ouverture est une quasi citation du mouvement new wave avec sa boite à rythme mécanico – talurgique, la barre métallique battant le temps technologique ; si fugace, c’est aussi du désenchantement ; toute évolution est aussi un reniement du passé, la particularité de ce disque est l’utilisation du Fairlight CMI-III, qui échantillonnait en 16 bits, donc transparent qui d’un coup perd de sa « magie » sonore ; certes les outils de créations sont là, mais pour un grain qui a disparu. Le titre « Revolutions » est remarquable. Inattaquable, le mélange de sample, d’arpégiateur et de vocodeur guéri de n’importe quelle soupe.

« Revolutions » a des cotés navrants ; passons sur September ; par dignité envers cette femme, mais Tokyo Kid, et son coté cool jazz de supermarché, était ce artistiquement nécessaire ?

 


:: Violator ::

Mais le quatuor de Basildon, qui commence à a voir une sérieuse notoriété, a un goût d’ailleurs, après « Music for the mass », ils prennent à rebrousse poils tous le monde avec « Violator ». La guitare électrique fait son apparition ; le sample est désormais un peu plus discret ; mais avec des titres comme Personal Jesus ; prouve que DM ne s'est en aucun cas banalisé avec le rock FM, ils restent les empereurs de la New Wave. 


La première partie des années 1990 : rejet du sample, back to analog... En attendant Cousteau, Chronologie | Song of faith and dévotion

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c8/Fairlight_green_screen.jpg/300px-Fairlight_green_screen.jpgLe début des années 1990 est une période très spéciale, le CD arrive, avec comme argument de vente un son parfait, son coté indestructible et sa durée de 80 minutes, l’industrie musicale créée la compilation et les compositeurs les plus en vogue vomissent sur le numérique, avec comme argument le « son » clinique, l’excommunication du Yamaha DX7 pourtant porté au nues quelque années auparavant... Ne serai-ce que Lenny Kravitz et ses amplis à lampe.

 


:: Songs of faith and devotion ::

La mystification des vieux enregistreurs Studer quatre pistes : ceux-là même qui servit de matériel au Beatles, Depeche Mode qui commença à abandonner les rives froides de la new wave avec le génialissime « Violator » créera l’un des albums marquants de cette décennie : « Song of faith and dévotion » est représentatif de cette période tout en étant de total obédience Depeche Mode ; ils n’ont pas fait du U2, mais du rock à leur façon. Mélange de guitare et d’ambiance sombre avec quatuor à cordes ; qui imposera la marque de fabrique jusqu’à maintenant.

 


:: En attendant Cousteau et la Défense ::

A contrario Jarre est l’un des précurseurs de l’ambiant moderne avec « En attendant Cousteau » qui mélange les rythme carribéens et la suspension, c’est un disque lumineux à l’opposé de la production de l’époque avec la fin du rap revendicatif et le début du rap variété, le grunge et la lente maturation de la House | Techno | Ambiant. Le triptyque « Calypso » est la version café + addition de computer week-end de « Révolutions «.

Mais ce qui donnent le coup de départ de cette décade est le désormais légendaire « Concert de La Défense », qui marqua l’ensemble de ses fans comme les fans de science fiction furent marqué par « Blade runner » ou « Aliens » ; crée l’indépassable sous forment de redites.

 


:: Chronologie ::

Cette album est très particulier, me concernant, c’est mon premier album concernant JMJ et c'est celui de ma seizième année. Il est aussi un tournant artistique pour le fils du compositeur de « Doctor Zhivago ». Il est une sorte de meilleur du meilleur, un disque univers avec des morceaux de bravoure comme Chronologie part 2 ; part 5 et 8 mélange les ambiances ; un album plus dans la lignée d’un Magnetic Fields et avec une utilisation du Fairlight CMI II pertinente. 

(...)


> Lire l'article complet et la sélection discographique sur GeekinSeineetmad

> Commenter cet article sur le forum aerozone

Source pour les photos / En une : Vince Clarke

Partager cet article
Repost0
12 septembre 2011 1 12 /09 /septembre /2011 12:37

jarre-parolier-banner.jpg

 

..:: Article rédigé par Jérôme ::.. Tout le monde connaît le compositeur, le musicien ou le concepteur de méga concerts, peu connaissent Jean-Michel Jarre le parolier. C'était à une époque, fin des années 60, début des années 70, entre le GRM de Pierre Schaeffer et les débuts du label Motors de Francis Dreyfus, où le jeune homme cherche encore sa voie artistique entre peinture, écriture et musique. "Les mots bleus" de Christophe, "Où sont les femmes ?" de Juvet, c'est lui ! Deux chansons encore aujourd'hui indissociables de leurs chanteurs et qui ont été un tournant dans la carrière des concernés… Jarre aurait donc pu être un très grand parolier, et un très grand producteur. Le choix quasi définitif de la composition se fera un peu par hasard, et de son propre aveu, quand son opéra électronique "Oxygène" rencontrera le public… Nous proposons donc de vous faire (re)découvrir comment Jarre a collaboré avec les quatre grands noms de la variété française que sont Christophe, Patrick Juvet, Gérard Lenorman et Françoise Hardy.



jarre-christophe
> Christophe :





Après son phénoménal succès "Aline" en 1965, Christophe aligne quelques autres tubes puis quitte les hits parades. En 1967, il compose une partie de la bande originale du film "La route de Salina" de Georges Lautner. Le jeune éditeur Francis Dreyfus, qui s’est spécialisé dans les musiques de films ("Le passager de la pluie" de Francis Lai, "Soleil Rouge" de Maurice Jarre, etc.), le signe. L’album de "La route de Salina" sera l'un des premiers qui sortiront sur son jeune label les Disques Motors, fondé en 1970. Dreyfus fait alors le pari d’un retour de flamme pour Christophe et devient son producteur. Un premier album (sans titre) sort en 1971 dont quelques extraits rencontrent un certains succès ("Main dans la main", "Mes passagères", etc.).

C’est alors que Hélène Dreyfus a l’idée incongrue de souffler à son producteur de mari le nom du jeune compositeur qui fait partie de la maison Motors depuis un an ou deux : Jean-Michel Jarre.

 

En 1973, les trois hommes se mettent au travail et construisent dans l’obscurité du studio Ferber un album très conceptuel, dans la lignée de ceux des Gainsbourg et autres Polnareff, hors du schéma habituel, avec des morceaux très longs ou très courts : "Les paradis perdus". Six des huit chansons de l'album ton été écrites par Jarre. Le disque remporte un grand succès public et critique.

 

Début 1974, deux 45T sont extraits de l’album : "Les paradis perdus / Mama" et "Mickey / Emporte-moi". Emporté justement par son élan, le trio sort la même année un autre 45T hors album : "L’amour, toujours l’amour / La bête". Très vite, les six mains peaufinent un nouvel album dans la lignée du précédent. Jarre écrit six nouveaux textes sur les huit chansons de l'album "Les mots bleus" qui enfonce le clou : Nouveau succès retentissant soutenu par la sortie de deux 45T : "Señorita / Le temps de vivre" (ce 2e titre étant extrait des Paradis perdus) et "Les mots bleus / Le dernier des Bevilacqua".

 

A noter que parmi les musiciens de Christophe, figurent le claviériste Dominique Perrier et le batteur Roger Rizzitelli, que Jarre entrainera avec lui en Chine quelques années plus tard.




 

jarre-les-mots-bleus-texte-original

(Le texte original des Mots bleus de la main de Jarre)



 

C’est logiquement que Christophe va jouer ces deux albums sur scène lors de deux concerts mythiques les 26 et 27 Novembre 1974. Dix des chansons jouées sont signées Jarre. Le peintre-musicien-parolier Jarre va aussi ajouter une corde à son arc en devenant metteur en scène à cette occasion. C’est lui qui a l’idée du fameux piano blanc volant grâce à la technique du magicien Dominique Webb avec lequel Jarre a déjà collaboré. Tout ce travail de Jarre sur la carrière de Christophe ne sera pas reconnu, c'est pourquoi il se rapprochera d'un autre interprète pour donner libre cours à sa créativité : Patrick Juvet.



 

  • “Il y avait un trop grand déséquilibre entre tout ce que j’apportais à Christophe et la façon dont j’étais crédité. Du coup, je suis parti aux Etats Unis avec Juvet.”
(Technikart 138 12/2009)



 

"Le petit gars", un autre extrait de l’album "Les mots bleus", sera la face B du single "Petite fille du soleil" (écrit par Barbelivien) dans les bacs de 1975.

 

L’année suivante, Jarre, de retour de Los Angeles avec Juvet, reprend sa plume pour Christophe pour un 45T ("Daisy / Macadam"), avant de s’enfermer dans son petit studio personnel pour composer "Oxygène".

En 1977, alors qu’"Oxygène" commence à prendre son envol dans les charts européens, Jarre trouve le temps d’écrire une ultime chanson pour Christophe : "La dolce vita". Encore un tube repris de nombreuses fois depuis ! Les anciens titres "Daisy", "Macadam", "La bête", "Le dernier des Bevilacqua", viennent à la rescousse pour boucler un troisième album commun portant le nom du titre phare.



 

Avant le "come-back" de Christophe en 2002, les chansons écrites par Jarre ont continué à passer en radio et à entretenir la légende. Bashung, qui fut aussi l’un des poulains de Dreyfus aux débuts de Motors, reprendra "Les mots bleus" pour l'album caritatif "Urgence" et donnera une version qui fera date. Charlotte Rampling, alors épouse de Jarre, lui fera la surprise de chanter ce même titre lors d’une émission TV dans les années 90.



 

  • "Je crois qu’avec Christophe, à l’époque, on a démarré un truc important : les concepts-albums, le rapport chanteur/producteur, des nouveaux sons, un type de variété-rock qui jusqu’à une période récente était resté sans équivalent. On a été des pionniers. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec lui. Malgré ses erreurs, Christophe est une personnalité de premier plan. Un peu en marge du rock, c’est un grand chanteur de rock." (Rock and folk - 04.1985)


 

  • "Quand je l’ai rencontré, il était vraiment un chanteur variété, il sortait d’Aline, et moi j’ai senti cette espèce de dimension tragique de clown, à la limite du ringard et du sublime, il flotte toujours entre les deux. D’ailleurs j’aimerais beaucoup retravailler avec lui." (Le journal du dimanche - 17.03.2010)


 

  • "On a réalisé deux disques ensemble, Les Paradis perdus et Les Mots bleus… Des albums pop mais dont la sophistication était égale à ce qui se faisait en Angleterre à ce moment-là. C’était pour moi une sorte d’expérimentation pop, et j’ai appris à utiliser des studios d’une manière un peu différente. D’un seul coup, travailler ainsi dans le milieu de studios français m’a permis de me frotter à une technologie entièrement différente de celle du GRM. Mais Christophe a toujours été un personnage un peu hors norme, formellement beaucoup plus ambitieux que la plupart des autres chanteurs de l’Hexagone. C’est vrai, il a toujours eu une mentalité un peu expérimentale. Il n’y a pas de hasards. On rencontre souvent des personnes qui, même si elles viennent de planètes différentes, font partie de la même famille." (Global Tekno 1.1 - 1999)



 

Malgré le souhait du compositeur, Jarre n'a pas collaboré de nouveau avec Christophe depuis 1977. D'après le chanteur, les deux hommes ne sont plus en contact depuis longtemps. Ils se retrouveront cependant sur la même scène du théâtre Marigny en novembre 2010, pour y recevoir une récompense de la Sacem, chacun dans leur domaine.

 


jarre-juvet

 



> Patrick Juvet :





La première collaboration entre Patrick Juvet et Jean-Michel Jarre date de 1973. Le chanteur Suisse est alors au tout début de sa carrière. Il vient d’avoir un grand succès avec "La musica". Mais vite catégorisé "chanteur à minettes", il décide de casser cette image trop lisse en faisant la musique qu’il aime et en adoptant un look et un style glam rock à la David Bowie. Jarre, qui vient de collaborer avec le groupe Blue Vamp de la même mouvance, et qui commence à se faire un nom comme parolier, est le candidat idéal pour participer à la métamorphose. C’est Florence Aboulker, assistante artistique de Juvet, qui présente les deux hommes.



 

  • "Un soir elle me parla d’un garçon qui commençait à se faire un nom sur la scène musicale française et qui écrivait de très beaux textes : Jean-Michel Jarre. Elle le contacta et il vint à la maison avec une pile de chansons. En partant il m’en avait laissé quelques unes. (…) Florence connaissait Jean-Michel de longue date et, même s’il n’était pas encore très connu, elle le jugeait bourré de talent. (…) Nous nous comprenions parfaitement sur le plan professionnel. Désireux de commencer à brouiller les pistes, il était le partenaire idéal pour entreprendre et réussir cette démarche." (Les bleus au cœur – 2005)



 

C’est ainsi que Juvet, contrairement à ses habitudes de travail, commence à composer des mélodies sur des textes existants. Naissent quatre titres qui seront réunis sur l’album "Love" : "Au jardin d’Alice", "Love", "Quand vient la nuit", "Unisex". Trois d’entre eux sortiront en 45T : "Toujours du cinéma / Au jardin d’Alice" et "Love / Unisex". Sur la pochette de l’album, Juvet, outrageusement maquillé, déroute et marque sa différence. Les quatre titres de Jarre seront joués à l’Olympia la même année.

L’album live "Patrick Juvet vous raconte son rêve – Olympia 73" sort en 1974. Jean-Michel Jarre écrit alors le texte d’une autre chanson, "Magic", première face d’un nouveau 45T qui sort l’année suivante.

Fin 1975, Jarre reprend contact avec Juvet par l’intermédiaire de son épouse d'alors, qui est attachée de presse.



  • "Désireux de retravailler avec moi, Jean-Michel fit un grand numéro de charme pour me convaincre. Il est vrai que, talent insensé, il pourrait faire la cour à un régiment entier. Il avait pertinemment compris que pour travailler avec moi, (…) il convenait de m’écouter, de suivre mes idées, et de ne pas me braquer. (…) Jean-Michel Jarre a tout de suite pigé ce mode d’emploi. (…) Bourré d’ambition, ayant réussi deux albums avec Christophe mais pas encore à faire décoller sa propre carrière, il voulait que les portes s’ouvrent grand devant lui." (Les bleus au cœur – 2005)



 

Juvet se laisse donc convaincre pour une nouvelle collaboration et accepte le rythme de travail quotidien que Jarre lui impose dans son appartement où trône déjà un petit studio et des synthétiseurs. Il travaille les arrangements, trouve de nouveaux sons et écrits tous les textes. Il réussit ensuite le tour de force de convaincre Eddie Barclay, patron de la maison disques de Juvet, qu’ils aillent enregistrer à Los Angeles avec les grandes pointures de la musique américaine de l'époque. Ils passent trois mois dans le studio Wally Heider de Los Angeles avec, entre autres, le guitariste Ray Parker (qui signera la chanson de "Ghostbusters"). Jarre supervise le mixage à Paris. L’album "Mort ou vif" sort au printemps 1976. Le single "Faut pas rêver / L’enfant aux cheveux blancs" en est extrait.




 

Fort du succès public et critique engendré, Jarre pousse Juvet à se remettre au travail tout de suite. Suite au départ de Polnareff aux Etats-Unis, il flaire le potentiel du Suisse pour réaliser des albums concepts portés par un personnage excentrique et ainsi prendre la place laissée par le chanteur aux lunettes blanches.

 

Juvet, qui a découvert le disco dans les boites de Los Angeles, oriente le nouvel album vers ce style dans l’air de temps. Jarre écrit des textes sur mesure qui correspondent parfaitement au personnage du chanteur. Les deux artistes poussent l’album concept jusqu'à faire des morceaux de 6 minutes ("Paris by night") voire 12 ("Où sont les femmes ?"). Les séances studio sont un peu laborieuses car Juvet a du mal à récupérer de ses nuits de fête. Jarre repart aux Etats Unis travailler avec les mêmes musiciens que pour "Mort ou vif". L’album "Paris by night" sort finalement en 1977 et fait un énorme carton ! Il sera aussi édité au Canada, en Allemagne, en Italie, en Espagne. Les 45T "Où sont les femmes / Les bleus au cœur" et "Mégalomania / Jessica" le portent. Juvet est partout dans les radios et les discothèques.



 

Juvet à propos d'"Où sont les femmes ?":


  • "C'est une chanson qui touchait tout le monde. Les hétéros disaient "elles sont où les meufs, ce soir ?" Et chez les gays, ils étaient morts de rire "elles sont pas chez nous !"" (Panique dans l'oreillette – 27.01.2010).



 

En bon producteur, Jarre gère aussi les passages télé de Juvet, exigeant certaines ambiances, des émissions spéciales… Il réalise aussi dans les studios luxembourgeois de RTL des petits clips associant des images de synthèse. Visionnaire, il voit encore plus loin : il projette un concert unique aux Invalides, ou une tournée des cabarets aux USA avec des musiciens transsexuels…



  • "Avec Juvet, je voulais aller beaucoup plus loin dans le côté disco expérimental, mais lui n’était pas tout à fait d’accord. Je voulais donc pousser ces expériences, mais en même temps j’avais envie de travailler sur une musique qui s’attache plus aux textures, à la substance du son." (Global Tekno 1.1 - 1999).

 



En parallèle à cette collaboration, Jarre prépare aussi son album personnel qu’il enregistre fin 1976 : "Oxygène"… Le succès de cet album, qui ouvre à Jarre la voie de la musique électronique populaire, la relative frilosité artistique de Juvet, et enfin sa rencontre « coup de foudre » avec Charlotte Rampling, vont mettre fin au couple artistique qu’il forme avec le chanteur depuis deux ans.

Depuis, "Où sont les femmes ?" est devenu l'hymne de la gay-pride. Les deux hommes entretiennent des contacts réguliers et se croisent au hasard d'émissions de télé. Patrick Juvet garde un très bon souvenir de leur collaboration et mentionne régulièrement que "Mort ou vif" et "Paris by night" sont ses albums préférés, comme il le répètera lors de l'émission "Panique dans l'oreillette" (janvier 2010) dont Jarre sera l'invité (voir la vidéo ci-dessous).





> Gérard Lenorman :





La collaboration entre les deux hommes a été plus ponctuelle que pour les deux chanteurs précédents. Jarre n’a jamais donné beaucoup de détails la concernant non plus. On ignore comment les deux hommes se sont rencontrés et ont été amenés à travailler ensemble, notamment. Beaucoup croient que Jarre n’a fait que deux titres pour Lenorman ("La belle et la bête" et "La mort du cygne") alors qu’il en a fait quatre, éparpillés sur trois albums. Tout commence en 1975, donc après "Les mots bleus". Jarre écrit la musique de "La fille que j’aime" et de "La belle et la bête", sur des paroles de Maurice Viladin, pour l’album "Gérard Lenorman". Le second morceau, arrangé avec le célèbre Gabriel Yared (BO de "37°2 le matin", "Le patient anglais", etc.), est le titre phare d’un 45T.

 

La même année, Lenorman porte son album à l’Olympia, où il reprend bien sûr ses grands succès, mais aussi quelques inédits dont deux sont signés (paroles et musique) Jean-Michel Jarre : "La parade" et "La mort du cygne" qui figureront sur le double album "Olympia 75". Curieusement, la deuxième chanson sera reprise en studio deux albums plus tard ("Au delà des rêves", 1977).



A noter que Jarre, l’auto-recycleur, a notamment puisé dans ses compositions pour Lenorman pour boucler à la hâte l’album "Rendez-vous" (1986). Le thème de "La mort du cygne" inspirera ainsi le "Troisième rendez-vous". Quant à l’épique "Deuxième rendez-vous", il est directement décliné de la musique de "La belle et la bête"…



 

  • "Le premier arpège de mon morceau RDV2 reprend la mélodie d’une chanson que j’avais écrite pour Gérard Lenorman, ça fait partie de mon travail de recyclage. J’adore les mélodies en apparence naïves mais qui cachent une mélancolie souterraine." (Le journal du dimanche – 17.03.2010)




> Françoise Hardy :





C’est une très courte collaboration qui a eu lieu en 1975 entre Françoise Hardy et Jean-Michel Jarre, le temps d’un seul 45T. Jarre y fait preuve de son double talent d'auteur et de compositeur : il signe la musique de la première face "Que vas-tu faire ?"; il est l'auteur et le compositeur du deuxième titre "Le compte à rebours". A l'origine, ces deux titres ne feront pas partie d'un album studio. Le premier sera pourtant intégré en "bonus" à la réédition CD (1991) de l'album "Entra'cte".



Après cette éphémère coopération, les deux artistes se retrouveront 15 ans plus tard sur un même plateau, lors de l’émission "Télé Zèbre" de Thierry Ardisson, au cours de laquelle Françoise Hardy dressera le thème astral du compositeur.


JMJ, pour conclure :


  • "J'ai fait des paroles, j'ai fait à certains moments des musiques, à certains moments les deux, donc c'est vrai que pour moi les mots ont toujours eu une importance phonétique et sonore, je dirais, et pas seulement sur le plan du sens. Le problème du français par rapport à l'anglais d'ailleurs, c'est d'arriver à ce que des mots sonnent quand on les chante et, comme je ne suis pas chanteur, c'était avant tout un problème lié aux rencontres. Et effectivement ma rencontre avec des gens comme Christophe ou comme Patrick Juvet (…) sont des rencontres qui étaient liées justement à un intérêt que nous avions tous les uns et les autres au son." (RTL - 30.05.2011)

  • "J’ai écrit un peu par hasard les paroles des Mots bleus, des Paradis perdus ou d’Où sont les femmes? Le monde de la chanson ne m’était pas familier, mais conceptualiser des univers m’a passionné. Et cela m’a valu une lettre de Gainsbourg, qui disait: « Bienvenue au club ». Mais moi, si j’avais été chanteur, j’aurais voulu être Bashung." (L’express - 27.03.2007)


 

> Sites Web :



 

Sites officiels :


 

Oeuvres de JMJ à la Sacem :


http://www.sacem.fr/oeuvres/oeuvre/rechercheOeuvre.do?q=jean-michel+jarre&searchoption=exact&page=1&ftad=true&tri=t

 

Vidéos :


 

Partager cet article
Repost0
4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 14:00

Bienvenue sur le Webzine d'Aerozone-mag, le magazine de la rédaction d'Aerozone. Les plus grands spécialistes de Jean Michel Jarre y évoquent avec passion l'un des musiciens les plus influents de notre temps.

  • Une partie albums avec des critiques des disques, des raretés, et bien plus encore...
  • Une partie live avec la présentation détaillée des concerts les plus emblématiques de la carrière de Jean Michel.
  • Une partie studio avec des dossiers sur le matériel de Jarre sur scène et en studio réalisé par des spécialistes des synthétiseurs.
  • Une partie collaborateurs avec des fiches détaillées sur ceux qui ont accompagné l'artiste au cours des années.
  • Une partie presse avec des articles, des interviews commentés.
  • Des liens vers les meilleurs sites consacrés à l'artiste.

Et bien plus encore à venir très prochainement !

Partager cet article
Repost0